La restauration

"Cette initiative de restauration de l'Aître, je la qualifie de rare et exemplaire pour la région car il faut noter qu'en France il y a très peu d'édifice comme celui-ci."
Luc LIOGIER, Directeur de la DRAC Haute-Normandie

En France très peu de cimetières à galeries peuvent encore témoigner des pratiques funéraires au Moyen-âge: il s'agit de l'Aître Saint Saturnin de Blois (41),  du cimetière de Montfort l'Amaury (78), de l'Aître Saint Maclou de Rouen (76), et de l'Aître de Brisgaret à Montivilliers.

L'intérêt de l'édifice montivillon réside donc dans sa rareté typologique et il doit à ce titre être préservé. La ville de Montivilliers, propriétaire du site, commande en 2006 une étude préalable à la restauration.
Réalisés par le Centre de Recherche des Monuments Historiques les relevés sur la charpente d'origine et les maçonneries attestent de la précarité du monument et de la nécessité d'une intervention.

 
L'Aître de Brisgaret avant restauration (2011)
©Ville de Montivilliers

L’Aître de Brisgaret est construit au sommet d’un talus non consolidé.

Coupe transversale du dossier d'étude préalable  2006
Coupe transversale-dossier
d'étude préalable ©Régis Martin,
architecte DPLG 2006

La route située  au pied du versant et l’érosion naturelle ont profondément altéré la stabilité du monument perceptible  par le lent basculement du mur côté route. 

Les restaurations menées au XIXe et au XXe siècle ont, par la construction de contreforts et leurs reprises en sous-œuvre, permis de stopper l'évolution du dévers.
Malheureusement en suivant le même mouvement la charpente est elle-aussi victime d’une déformation prononcée. Maintenue par des étais elle exerce une poussée sur le mur menaçant à nouveau  l'équilibre et la conservation du monument.


Portée par la ville de Montivilliers et soutenue par la DRAC la restauration débute en novembre 2012 pour s’achever en juin 2014.

Les travaux ont porté sur l’ensemble des éléments du site :

La galerie en octobre 2013
La galerie en octobre 2013
©Ville de Montivilliers


 

 
. La galerie
Le mur, dont les pierres fragiles ont été changées, a été consolidé.
La maçonnerie des murets et des bancs a été refaite avec un mortier et des silex  identiques à ceux d’origine. Le
sol en terre battue a été nivelé et les pierres tombales
du XIXe siècle restaurées.




Dépose des tuiles à l'hiver 2012
Dépose des tuiles à l'hiver 2012
©Ville de Montivilliers
 
 

. La couverture
 La mise hors d’eau a été assurée par la réfection complète de la couverture en tuiles plates et la pose de gouttières pendantes en cuivre.


 
 

Redressement de la charpente
 Redressement de la charpente en mai 2013
©Ville de Montivilliers
. La charpente en chêne
Une fois la charpente redressée à l’aide de vérins hydrauliques (certains pieds des poteaux intérieurs ont été rehaussés de plus de 20 centimètres), les charpentiers sont intervenus sur la structure en intégrant des greffes de bois neuf chaulé puis patiné aux endroits nécessaires. Les assemblages endommagés ont été réparés à l’aide de tenons et mortaises et re-chevillés.






Dépose du retable dans la chapelle en décembre 2012
Dépose du retable en décembre 2012
©Ville de Montivilliers
. La chapelle
Les murs ont été débarrassés du plâtre dont ils avaient été enduits au XIXe siècle, laissant apparaître la pierre de taille et des baies géminées romanes bouchées lors de la précédente restauration.  La charpente restaurée, la voûte a été refaite sur baccula (lattis de bois). L’intérieur de la chapelle a ensuite été replâtré et le sol en pierres restauré. Les vitraux et le retable en gypse ont temporairement quitté les lieux pour être restaurés en atelier.



La dentelle de pierre de la croix gothique en octobre 2013
La "dentelle de pierre" en octobre 2013
©Ville de Montivilliers
 . La croix gothique
La croix gothique – calvaire réalisé en pierre de Caen – a presque été intégralement déposée. Les éléments ont été taillés et ciselés en atelier par le tailleur de pierre qui a greffé au matériau neuf des éléments d’origine nettoyés. Ils ont ensuite été assemblés et maçonnés avec des joints très fins. Les quatre statues ont été taillées de manières similaires à celles d’origine et placées dans les niches.





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